Niki Lauda : "Le pire moment de ma vie ? Le décès de 223 personnes lors d'un crash d'un de mes avions"
L'Autrichien n'avait pas peur de mourir avant son accident : "Mais lors de mon retour, je ch... dans mon pantalon, j'étais tétanisé."
- Publié le 21-05-2019 à 15h39
- Mis à jour le 21-05-2019 à 15h41
L'Autrichien n'avait pas peur de mourir avant son accident : "Mais lors de mon retour, je ch... dans mon pantalon, j'étais tétanisé."
Niki Lauda était un grand monsieur. Un pilote d'exception mais surtout quelqu'un de très humain, d'honnête, ne masquant jamais la vérité.
Notre collègue Jo Bossuyt du Het Laatste Nieuws a eu l'occasion de l'interviewer à plusieurs reprises. La dernière fois, Niki s'est confié comme jamais. Voici quelques extraits très émouvants de leur conversation. Cela en dit long sur les épreuves traversées au long de sa vie par l'Autrichien.
« Les vraies épreuves marquent un homme. Avant mon accident au Ring, j'étais égocentrique, impitoyable. Je n'hésitais pas à mettre ma vie en jeu pour aller chercher une victoire. Rien ne comptait plus pour moi. Je ne pensais pas aux autres, à ma famille. Cela a déjà un peu changé après mon crash de 1976. »
Il avoue sa peur au moment de reprendre le volant, six semaines après avoir été miraculé : «Je ch... dans mon pantalon au moment de reprendre la piste à Monza. J'avais le choix entre rester plusieurs mois à la maison à attendre que la peur disparaisse ou bien l'affronter directement. J'ai choisi la deuxième solution. Quand je suis sorti des stands pour la première fois, j'étais tellement terrorisé que je n'ai pas réussi à mettre la deuxième vitesse. En fait, je ne revoyais pas les images de mon brasier, mais bien une mare de sang au bord du rail. Celui d'un collègue décapité (ndrl : le jeune Autrichien Helmuth Koinigg, mort dès son 2e GP en 1974 à Watkins Glen). J'étais tétanisé. Je suis sorti de la voiture et je suis rentré à l'hôtel. Le lendemain, je suis revenu. La confiance aussi et j'ai terminé quatrième du GP. »
Mais l'épreuve qui l'a le plus marqué et meurtri, non pas cette fois directement dans sa chair mais bien mentalement, c'est le crash d'un de ses avions Lauda Air en Thaïlande en 1991. Un accident sans survivants qui a fait 223 victimes. « Un chiffre que je n'oublierai jamais. L'avion était nouveau, l'équipage expérimenté, les conditions parfaites. Les huit semaines entre le moment du crash et le moment où Boeing a reconnu qu'il s'agissait d'un défaut de fabrication ont été les plus pénibles de ma vie. Je me sentais responsable. Je n'ai pas lâché Boeing jusqu'à ce qu'ils reconnaissent qu'une pièce fautive était en cause. Elle a ensuite été changée sur des centaines d'autres avions. Cela a remis les choses en place dans ma vie. Il y a des choses nettement plus importantes que la course automobile, la F1, les duels Hamilton-Vettel. Parmi ces 223 personnes, 23 n'ont jamais pu être identifiées.
Les restes humains ont été enterrés ensemble dans une fosse. J'étais présent à ces funérailles. J'ai vu un petit garçon de 7 ou 8 ans qui était là avec ses grands-parents et jetait des fleurs sur les cercueils. Je suis allé vers lui et il m'a dit que sa maman et son papa étaient là, parmi eux. J'ai éclaté en sanglots. Je n'ai jamais connu un moment aussi dur dans ma vie. Ces 223 malheureuses victimes m'ont vraiment montré ce qu'est la vie. Elle est précieuse. Pour nous et les gens qui nous entourent. »